Écrire dans le paysage

L’idée part d’une intuition, il y a déjà quelques temps
Une attirance pour le paysage…
Et s’il avait un message pour nous ?
Dès lors, voyez-vous, l’idée est toujours là qui me tire…
Mon amie Karyne m’a dit : tu vas écrire « sur le motif »…
C’est un projet vélo-écriture, qu’est-ce que serait la vie si on ne s’arrête pas pour la repenser nous dit Goliarda Sapienza ? Il y a de ça dans ce projet. S’arrêter et en même temps bouger.
Un projet d’écriture et de route, à moins que cela ne soit l’inverse, entre temps, espace, vent et rencontres.
Départ prévu le 9 juin, retour le 1 juillet.
La route ?
Entre Roscoff et Hendaye, entre Océan et Terre. https://www.lavelodyssee.com/
Toucher le ciel

Et assez grand pour toucher le ciel le soir
C’est peut être ce que disent les mamans à leurs enfants
Pour qu’ils ne poussent pas trop vite
…………………..
Pour ceux qui vont me suivre sur ce blog
J’ai récupéré les mots magiques pour y accéder
Et à partir de demain, j’y posterai quotidiennement des photos-textuées
Demain : Nantes-Saint Brevin, l’aventure en solo commence
A bientôt
La route est longue

Du petit au puissant figé dans le granit
Une écriture pour qui ne savait pas lire
Une interprétation pour trouver du sens à l’existence
les hommes ont la barbe longue
Portent épées et gros trousseaux de clés
Les femmes sont un peu en retrait
Que font elles ?
Où sont les enfants ?
Reflet

On a le temps d’écouter
Le coucou s’entend sans se faire voir
La route est boueuse
Le vent et la pluie chassent toute idée d’été
Les nuages peuplent ce miroir rectiligne
L’importance du toit

Le ciel va leur tomber sur la tête
Ils n’y croient pas
Il en faut beaucoup pour impressionner un toit
Il est important de bien les soigner
Sans trop le leur faire remarquer.
Léo

7 Léos qui se parlent en langue Léo
Le Léo de l’un se distingue du Léo de l’autre
Il y a des Léos longs et des Léos courts
Des graves, des fâchés, des langoureux, des plaintifs
Ils se reconnaissent
Actuellement 2 Léonnes couvent
Bientôt il y aura des Léos de faim
L’aventure en solo

Seule avec le paysage
Une bande passante
Un essai de captation
Y trouverai-je quelque chose de ce que nous sommes ?
L’Océan

Nous y voilà
Tout parle
les couleurs
les odeurs
la lumière
le rythme de l’eau
Le bateau

espoirs que tout aille bien
que la pêche soit bonne
qu’un enfant naisse
que la fête soit belle
là-haut
personne ne craint qu’il sombre
Le passage

les coquillages se retrouvent tout nus
plus rien ne les protège
alors tous le monde ira de son épuisette
Mèmère grondera Bichon aux pattes ensablées
Et sur le passage du Gois
vélos et voitures marcheront au pas
13.15 c’est l’heure de la marée au plus bas
1 h30 avant et 1h30 après l’île n’est plus tout à fait île
Mais après…
L’Océan reprend son lit
Deux ânes

très très fort
Sur mon cheval à deux roues
tout craquait
les muscles, la chaîne, les sacoches, le souffle
je m’arrêtais un peu
levais les yeux
Qu’ils étaient beaux ces deux là
à contempler le vent
Volets fermés

où il ne reste que le sable et les pierres
si l’on n’y prend garde
le vent fera son œuvre
tout sera recouvert
et dans longtemps
s’il existe encore des archéologues
il inventeront la vie derrière les volets
Le grand V

me laisse sans mot
même l’Océan se tait
Bien propres bien sages

attendent leur capitaine
ils sont garés bien fermement
pas question de se faire avoir par un courant
même un tout petit remous
attendre sans bouger
et rester blanc
Bleu

hypnotise
une impression que quelque chose va venir
un petit point
on y passerait des heures
Les pros

il y a la famille Vélo
elle existe vraiment
nombreuse
discrète
de tous âges
le « bonjour » avec sourire est répété
sans se lasser
c’est un code
une chaîne invisible
l’expérience se partage
sans éclabousser
Pierres noires

comme des animaux au repos
leur peau lisse
n’autorisent aucune colonisation verte
un peu froides avec le vent
aussi noires que le ciel est bleu
jamais sèches
jamais rudes
rebelles avec les vagues
Le compagnon

malgré sa moitié de queue
et moi donc de le(la ?) sentir se frotter
sur mon mollet courbaturé
Mis à part le bout de gras
nous avons partagé
une joyeuse solitude
L’arbre à escargots

il est venu rejoindre les autres
sur l’arbre-cimetière.
Bien collés serrés
le grand passage se fait en colonie.
Ma biche

bien équilibrée.
Elle avait été dessinée sur un cahier d’écolier.
Au bord de la voie ferrée
elle retient les rêves de l’homme au képi.
Les marais de Marennes

refuse tout agencement
L’endroit grouille de vies cachées
Dans les herbes
dans les flaques
Tout est tranquillement sauvage
Chemin sans asphalte
Espace partagé
organisé
construit
au rythme des saisons
selon la loi du ciel
Les bêtes

les hommes ne sont pas loin
on s’y attache aux bêtes
Ici elles sont chez elles
la barrière fait semblant.
Je sais qu’elles m’ont vue
il y a entre nous une distance tacite de respect
en y mettant le temps nécessaire
je pourrais leur demander de m’apprivoiser…
Les arbres

Le soleil est au milieu de sa course
les ombres se raccourcissent de chaque côté
Alors les arbres plus petits prennent le relais
dessinent ça et là des feuilles agrandies
Il n’y a pas de petite ombre quand on dépasse les 30°
Plages textiles – Plages naturistes

je me souviens d’une autre plage bien loin d’ici
en Tunisie du côté de Mahdia
Dans l’eau tous ensemble
des hommes avec leurs torses velus
des femmes d’ici et d’ailleurs en bikini,
des femmes entourées de textiles
rouges ou bleu mer
tous ensemble dans l’eau
naturellement
La transformation d’Arcachon

Grosses propriétés avec jardins multicolores
dialogue de murs blancs avec les arbres désignés
un équilibre esthétiquement pensé
tout est blanc dans cette ville
les gens aussi
tout est propre, lisse
alors les jeunes s’y ennuient
rêvent d’ailleurs
en quête de sens
sous les yeux de la dune du Pyla
qui ne s’aplatit pas
loin de là
Un soir

juste avant le noir profond
on ne verra plus ni la jetée, ni la plage
on n’entendra que le bruit des vagues
rassurant, régulier
l’Océan est chez lui
parfois ils nous invite
parfois il nous tolère
Notre dame des Passes

avec deux petites tours chapeautées
elle domine
voit loin
entre elle et l’O
le quotidien se vit
on prépare la saison à venir
les premiers touristes sont là
Les collections attendent
le paysage est équilibré
soigné
Le malheur ici est invisible
Terre de pins

tous longs
fins
au régime iodé
ils se ressemblent ?
peur-être
mais pas un n’est pareil
Faire cygne

sans bruit
fier et déterminé
il assume
Être grand

les pins poussent-ils si haut ?
On dirait des fleurs géantes
A côté on a une taille de fourmi
Il sont là paisibles
et pas écrasants
Dynamique des fluides

il y a ce point de convergence
que l’on suive la ligne des toits
celle des pierres
celle de la marque de la hauteur de l’eau
les sillons du bateau
et même ceux qui n’existent pas encore
devant
mais que l’eau devine
La couleur jaune

Sur l’eau des canaux
A l’arrière des plages
Les fleurs sont très souvent jaunes
Et ce n’est sans doute pas un hasard
Les traversins

me fait dormir chaque soir dans un lieu nouveau
Les lits landais sont marqués par la vague
longue et ronde sous les coussins
tous les lits ont un traversin
Lit et Mixe

Lit et Mixe ont muté
c’est la loi de la civilisation
Deux traits d’union
Ça réunit en un seul
L’un reste Lit
et à quelques kilomètres
l’autre reste Mixe
Entre les deux
ils font leur mixture
Au bord du lac

mais pas celui de Gastes
je m’y suis reposée
en fin de journée
la grosse chaleur presque oubliée
Des espagnols arrivaient
je les prenais en photo entre les deux arbres
et puis d’autres sont venus
regarder l’eau
une vie ça passe bien vite
La ligne

impression de sentir l’Univers
le bord de la planète
la couverture de l’atmosphère
la vie sur une boule de roche et d’eau
quelque chose qui a une limite
et pourtant
sensation d’extrême liberté
De sable et d’eau

quelques traces
un signe, un repère
et il fallu nommer
l’eau nourricière
la chaleur du soleil
et le bleu du ciel
Les cabanes

quelques bords d’un Océan à moitié sauvage
qui appartient pour encore quelques semaines
à ceux qui l’habitent à l’année
Quand l’eau sera revenue
on jettera les filets
ils feront poche à langoustines
La poule

Elle se promène mine de rien
A Jard sur mer l’Océan n’est pas loin
Elle vient de se baigner
Couleur sable
Elle fait des œufs salés
Chiffres guides

65,05km parcouru
il fait très chaud à 15h35
encore une petite demi-heure
et je rêve de la douche
de me poser dans le sombre d’une chambre
regarder mes photos
respirer
laisser venir les mots retenus jusque là
Le portail

et une clôture de chaque côté
le chemin continue
il se fiche bien du portail
quelques bêtes me regardent
va-t-elle ouvrir ?
un portail fermé, ça dit on ne passe pas
au loin un autre cycliste arrive :
il y a le même à l’autre bout, c’est bien la route 😉
nous nous croisons au portail
je photographie les moutons qui me regardent
et continue le chemin
qu’aurais-je fais si je n’avais pas croisé ce cycliste ?
Les coquelicots

ils me rappellent un temps éloigné
où il faisait bon traîner en revenant de l’école
le goûter pouvait bien attendre
ou dans ce petit village des monts du Forez
au bord des champs de blés mûrs
petites robes rouges frivoles
d’un rouge si rouge…
Le nuage

Ne fait pas d’ombre
Ne fait que passer
Se délite en petits pets blancs
S’habille de fils presque transparents
Fait sa route
Et disparaît
La fanfare

Le blanc tranche
Répond au bâtiment
Massif
Porte le regard basque
Dans les tambours
Dans le coeur
Dans la langue
Dans les chants
Au revoir l’Adour

Le voyage est compact d’impressions
Sereine
Pleine d’orange, de chaleur, de force
Opaque
Un lit de mots va décanter
La route de la corniche

Force la concentration
La roche foncée
Plonge dans l’eau
Comme les cheveux lisses après la douche
C’est la route des voitures
Des marcheurs de Compostelle
Des cyclistes
C’est la route juste avant Hendaye
Ma petite reine

ça donne des ailes aux jambes
ça fait pas de bruit
ça répond suivant tes forces
ça transforme la route en doux ruban
ça donne envie de voir
ce que tu aperçois au loin
ça questionne le passant
parfois
ça crée des rencontres
Les pêcheurs de Fontarrabie

C’est relâche
Et pour quelques jours encore
L’endroit restera calme
Petits poulpes ou calamars ?
Dans son va-et-vient incessant
L’Océan ramène toujours quelque chose
Mr Jackpot

Il porte une robe blanche à fleurs rouge vif
Et dans son cabas
Tous les rêves qui font arriver les dimanches
Et acheter vers 10h
Un carton à gratter
Avec le porte-clés
Au bord de la petite planche verte du guichet
Les palmiers frontières

conformément à la carte
d’un côté la France
de l’autre l’Espagne
ils font exotique
De chaque côté
on pêche
et on parle basque
Deux rochers, un au revoir

Comme deux gros soufflets d’accordéon
Ils accompagnent mon chant
Nous nous reverrons
Vélo clandestin

il n’est pas tranquille
Il n’a pas 20 ans, et un petit vtt
Je comprends qu’il vient d’Oran
m’adresse alors un sourire furtif
Le contrôleur n’a rien compris
Plaisante violemment sur une vie difficile
J’ai le temps d’écrire sur un bout de feuille
une adresse, un numéro trouvé sur Internet
bonne chance petit
Il débarquera à Bordeaux entre deux policiers
Fenêtre de Theux

Les nuages si proches
la terre leur fait de l’ombre
le bleu Océan est souvenir
la nature verte un goût de chez moi
je vais poser mes notes
laver mes fringues
caresser mon chat
retrouver celui qui m’attend
et tenter de ne rien laisser s’échapper
du voyage à peine terminé